Trois figures de l’antimilitarisme et de l’anarchisme non-violent après la Première Guerre mondiale aux Pays-Bas et en Allemagne : Clara Wichmann, Gustav Landauer, Fritz Oerter.
« Vive la défaite militaire ! » Les ouvriers et les militant·e·s de langue allemande ont pu profiter de cette situation à deux reprises au XXe siècle. Après la défaite de la Première Guerre mondiale, en Allemagne et aux Pays-Bas, un fort mouvement antimilitariste ainsi qu’une tendance non-violente dans l’anarchisme se sont développés au sein du mouvement révolutionnaire.
Clara Wichmann (1885-1922) est née à Hambourg, mais a fait des études de droit à Utrecht aux Pays-Bas. Elle s’engage dans le mouvement pour les droits des femmes et milite dans l’important courant antimilitariste libertaire du mouvement ouvrier hollandais initié par Domela F. Nieuwenhuis. Elle fait campagne contre le système pénitentiaire et propose dans ses écrits, indépendamment de Gandhi, les principes d’un anarchisme non-violent.
Gustav Landauer (1870-1919) est devenu l’une des principales figures intellectuelles du mouvement libertaire allemand en tant que rédacteur du journal Le Socialiste. Au sein du mouvement ouvrier, il prône la fondation de coopératives et de communautés. Dans La Révolution (1907), il a redécouvert Étienne de La Boétie et son mécanisme de renversement de la tyrannie par le refus de la soutenir. Après la chute sans effusion de sang du roi de Bavière, il soutient en avril 1919 la première République (anarchiste) des Conseils de Bavière à Munich. Le 1er mai 1919, il est sauvagement assassiné par l’armée et les corps francs.
Fritz Oerter (1869-1935), lithographe et libraire, a grandi à Fürth en Allemagne. Il appartenait à l’aile non-violente de la Freie Arbeiter-Union Deutschlands (FAUD, Union libre des ouvriers allemands), syndicat anarchosyndicaliste de l’après-guerre et il fut rédacteur de son hebdomadaire Le Syndicaliste. Il a été le témoin de la grève générale contre le putsch de Kapp et de la défaite de l’Armée rouge de la Ruhr en 1920. Oerter fut l’un des premiers anarchistes allemands à avoir été lucide sur l’incompatibilité entre les buts du communisme anarchiste et ceux du communisme bolchevique autant dans leurs formes d’organisation que dans leurs luttes. Dans le courant anarchiste et anarchosyndicaliste de la République de Weimar en plein désarroi et parcouru par de nombreux conflits, Oerter resta impartial et respecté par tous.